Intervention de Luc Gennart ce 4 juin 2023 concernant la commémoration des bombardements des 12 et 13 mai 1940. Avec la Fraternelle royale des Chasseurs Ardennais.

Mesdames, Messieurs,

Il y a un an, j’ai eu l’occasion de m’adresser à vous ici même, lors de la commémoration des bombardements des 12 et 13 mai 1940. Chose absolument inconcevable en 2022, une guerre conventionnelle venait d’éclater une centaine de jours auparavant, sur le territoire européen, à deux heures de vol commercial de Bruxelles. Depuis, ce conflit n’a fait que croître en intensité, que ce soit en termes de moyens militaires mis en œuvre, et surtout, en pertes humaines. Nous avons aujourd’hui affaire à une nouvelle guerre d’attrition.

La communauté internationale, et plus précisément, le camp des démocraties s’est rangé résolument du côté du courageux peuple ukrainien. Celui-ci défend non seulement sa souveraineté et son indépendance, mais aussi les valeurs démocratiques que nous partageons.

C’est la crédibilité de notre sécurité et de notre défense que nous engageons dans ce conflit.

Mais réfléchissons un instant à l’action de ce camp des démocraties.

Soyons de bon compte : c’est la quatrième fois dans l’histoire moderne que les Américains interviennent avec leur puissance militaire pour nous défendre, nous libérer ou garantir notre sécurité.

En 1917, c’est l’engagement massif des jeunes divisions d’infanterie américaines qui provoque l’effondrement du front de l’Ouest et conduira à l’Armistice.

Dès 1941, l’entrée en guerre totale des États-Unis contre les puissances de l’Axe permet la libération de l’Europe occupée et la Victoire.

Dès les années ’50, l’engagement majeur de moyens américains en Europe occidentale nous a permis de sortir victorieux de la Guerre froide avec la Chute du Mur en 1989 et l’implosion de l’URSS deux ans plus tard.

Enfin, et pour la quatrième fois, ces mêmes Américains interviennent à tous les niveaux actuellement possibles pour soutenir l’Ukraine.

Mais, imaginons un seul instant que le Président Trump ait été réélu pour un second mandat : les États-Unis ne se seraient jamais engagés aussi énergiquement pour soutenir l’Ukraine et son Président devenu une icône dans cette résistance à l’invasion russe. Sans faire de « politique fiction », il est évident que tout aurait été en place pour que l’Ukraine tombe aux mains des Russes et redevienne un pays satellite de l’empire tel que l’imagine Poutine. La Moldavie, qui n’est membre d’aucune alliance de sécurité, était sans nul doute la prochaine cible sur la liste.

La Biélorussie, dont le régime fantoche est déjà inféodé à Moscou, aurait complété ce glacis dont rêve le Kremlin face à l’Union européenne et à l’OTAN.

Renforcée par cette inébranlable volonté américaine, la politique de sécurité et de défense européenne a été littéralement transfigurée. Qui aurait pu imaginer, il y a seulement six mois, que la Commission européenne aurait été chargée de financer l’achat et la livraison d’un million d’obus de 155 mm pour 2 milliards €, ainsi que de financer la montée en puissance des chaînes de production industrielles de notre armement ?

Qui aurait pu penser que le Haut Représentant pour les Affaires étrangères de l’UE allait devenir un porte-étendard du soutien inconditionnel à l’Ukraine en encourageant les Etats-membres à livrer des chars et, à présent, des avions de chasse ?

Face à ce conflit des valeurs entre le monde libre et démocratique et le monde des régimes autoritaires et dictatoriaux, nous avons fait le choix de la résistance et du refus des lâches accommodements des Chamberlain et Daladier en 1938 qui ont espéré gagner la Paix en sacrifiant des états européens aux ogres nazi et soviétique.

Nous, Européens, sommes en train de comprendre qu’il est illusoire d’imaginer notre Union comme un havre de paix, une grande Suisse bienveillante et pacifique, vivant en parfaite symbiose avec ses voisins.

Le monde réel n’est malheureusement fait que de rapports de force et le coup d’arrêt que nos démocraties portent à l’impérialisme d’un Poutine renforce notre sécurité et la défense de nos valeurs.

Ce que nous faisons aujourd’hui, nous le faisons aussi pour les générations futures afin d’éviter que se reproduisent à l’avenir les événements que nous commémorons aujourd’hui.

Je vous remercie pour votre attention.

Luc GENNART

Echevin des Voiries et de l’Equipement public