Il y a 84 ans, les bombardements de Temploux et de Suarlée ont causé des pertes tant militaires que civiles, aussi bien françaises que belges. Les Chasseurs ardennais en ont payé le prix fort.
À l’occasion de cette commémoration, l’Echevin Luc Gennart a souhaité connecter passé, présent et futur d’un point de vue historique et (géo)politique.
COMMÉMORATION des BOMBARDEMENTS des 12 et 13 MAI 1940
Fraternelle royale des Chasseurs Ardennais
Jardin du MAÏEUR – 16 juin 2024
Intervention de Luc Gennart, Échevin à la Ville de Namur
Mesdames, Messieurs,
C’est la troisième fois que j’ai l’honneur de m’adresser à vous depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce conflit a provoqué un bouleversement géopolitique, toujours en cours, et dont nous ne mesurons pas encore l’ampleur.
Depuis le 07 octobre dernier, l’attaque terroriste du Hamas à la frontière sud de l’État d’Israël, un véritable pogrom des temps modernes, a déclenché en réaction une répression féroce de TSAHAL dont les civils, et surtout les femmes et les enfants, paient le prix fort.
Ces deux foyers de graves tensions, aux marches de l’Union européenne, ont provoqué le plus grand mouvement de bascule géostratégique que nous ayons pu connaître depuis la Chute du Mur en 1989 et l’implosion de l’URSS deux années plus tard.
D’autre part, la séquence d’élections que nous venons de vivre, que ce soit en Europe ou en Belgique, ont provoqué la montée des partis extrémistes, qu’ils soient de gauche ou de droite, mais surtout une poussée très inquiétante de l’extrême droite.
Que ce soit en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en France, les scrutins européens ou nationaux enregistrent, soit une poussée considérable de l’extrême droite, soit consacrent son arrivée au pouvoir.
Cette polarisation aux extrêmes du champ politique s’accompagne d’instabilités et aussi de violences.
Elle menace clairement notre modèle démocratique. Elle menace également le projet européen.
A tous ceux et celles qui ne veulent pas s’inquiéter du bouleversement de l’échiquier en cours ou tout simplement qui veulent renverser la table, il faut d’abord rappeler qu’historiquement aucun régime d’extrême droite dans le monde n’a jamais apporté paix et prospérité à son peuple.
Rappeler aussi que tout flirt entre droite et extrême droite vire toujours au désastre pour la première.
Car n’oublions jamais qu’en janvier 1933, la droite allemande, premier parti, a offert au parti Nazi et à Adolf Hitler la Chancellerie, croyant le garder sous contrôle : on connaît la suite.
Ce qui se passe actuellement en France, une des chevilles ouvrières du projet européen, est particulièrement angoissant et nul ne sait aujourd’hui comment ce séisme politique va se terminer.
Tout n’est pourtant pas désespérant. En Belgique, le triple scrutin de dimanche dernier a entre autres consacré une alternance politique majeure dans le plus grand respect du processus démocratique. L’espace politique francophone a clairement basculé au centre droit et, chose remarquable par les temps qui courent, cet espace est libre de toute extrême-droite. En Flandre, l’électeur a clairement fait mentir les sondages qui donnaient l’extrême droite première formation politique.
L’électeur belge s’est prononcé de façon claire et incontestable et a choisi de vivre dans un îlot de stabilité démocratique au milieu de ces pays fondateurs de l’Union européenne secoués par de profondes fractures politiques.
Je forme le vœu que les leçons que nous tirons ensemble en ce jour de commémoration d’événements dramatiques qui se sont déroulés il y a 84 ans servent d’exemple. Notre union, celle qui fait la force, vient d’en faire sa propre démonstration.
Je vous remercie pour votre attention.