Lors du conseil communal du 24 juin, le Conseiller, François Delahaut est intervenu au nom du groupe MR pour exprimer son opposition à la motion visant à instaurer un système de consigne sur les canettes.

Le refus n’est pas idéologique, mais repose sur une analyse factuelle et responsable : une telle mesure, en l’état, n’est ni nécessaire, ni adaptée au contexte belge actuel.

François Delahaut a exprimé la position en 4 points :

1. Le cadre européen fixe des objectifs ambitieux mais clairs

La réglementation européenne prévoit que, d’ici 2029, 90 % des bouteilles PET et canettes soient collectées sélectivement — c’est-à-dire en poids réel, non en simple tri ou en taux de recyclage.

Mais l’Europe laisse une marge de flexibilité : si un pays atteint 80 % de collecte dès 2026, il peut être exempté de la mise en place d’un système de consigne (article 50, §5 du règlement européen). Il est donc possible d’atteindre les objectifs européens sans imposer une réforme lourde.

2. La Belgique : des résultats déjà encourageants

Les chiffres récents montrent que la Belgique n’est pas en retard, au contraire :

84 % de collecte des bouteilles PET en 2023 : au-dessus du seuil européen de 80 %.

68 % pour les canettes : encore insuffisant, certes, mais le potentiel de progression reste réel sans bouleverser l’équilibre actuel.

3. La consigne : pas forcément la bonne solution

a) Le système belge fonctionne

Grâce au sac bleu, notre pays atteint des résultats supérieurs à ceux de pays ayant déjà introduit la consigne, comme les Pays-Bas, où le taux de retour des bouteilles consignées plafonne à 75 %.

Ces performances sont le fruit d’investissements dans des centres de tri performants (Valtris, Filao, Neufchâteau, etc.), preuve que notre modèle est robuste.

b) Un système coûteux et complexe

La consigne suppose une logistique lourde : retour des emballages, collecte, stockage… Ce fardeau pèserait particulièrement sur les petits commerçants, qui ne disposent pas toujours des infrastructures nécessaires.

De plus, l’effet sur la propreté publique reste modeste : les études de la COPIDEC estiment que la consigne ne réduirait les déchets sauvages que de 3 à 12 %.

c) Risque de déstabilisation du système actuel

En retirant du sac bleu les matériaux les plus valorisables, la consigne pourrait affaiblir son modèle économique et remettre en cause l’équilibre financier du système de collecte sélective tel qu’il existe.

d) Une base chiffrée encore incertaine

Les méthodes de calcul européennes pour les taux de collecte des canettes ne sont pas encore harmonisées. Implanter un nouveau système dans ces conditions manquerait de clarté et de prévisibilité.

4. Une réforme nationale, pas régionale et précipitée

La consigne ne figure pas dans la Déclaration de Politique Régionale actuelle. Si une réforme devait voir le jour, elle devrait être pensée à l’échelle nationale, avec une concertation entre les régions, communes, acteurs économiques et citoyens.

Et surtout, elle devrait reposer sur des solutions modernes et adaptées, numériques ou hybrides, sans duplication avec le système du sac bleu.

Conclusion : agir avec rigueur, pas avec précipitation

Nous poursuivons tous un même objectif : mieux collecter, mieux recycler, réduire les déchets, et préserver notre environnement.

La Belgique est bien positionnée. Son système fonctionne. Et des alternatives crédibles existent pour progresser sans bouleversement inutile.

C’est pourquoi nous ne soutiendrons pas la motion sur la consigne. Mais nous restons pleinement ouverts à un débat constructif, rigoureux et collectif pour améliorer nos politiques environnementales.