En avril 1947, un exercice de navigation tourna au drame, à hauteur du barrage de La Plante : 3 jeunes recrues périrent noyées, parmi leurs frères d’armes de l’Ecole du Génie.

Organisée par l’Amicale Royale du Génie de Namur, la cérémonie qui leur est dédiée depuis 1988 a permis à l’Echevin Luc Gennart de s’exprimer, en rappelant notamment que même en temps de paix, des hommes peuvent perdre la vie en s’entraînant à sauvegarder la nôtre.

Voici le contenu de son allocution :

L’hommage qui nous réunit ce jour revêt un caractère particulier. Le mois de novembre est, chaque année, plutôt consacré aux commémorations de l’armistice du 11 novembre 1918 ou encore, par extension, à la fin de la deuxième Guerre mondiale. Une fois n’est pas coutume, nous sommes ici pour commémorer un accident qui a vu trois jeunes militaires, qui s’entraînaient en temps de paix, perdre la vie.

Cet accident, qui s’est déroulé en avril 1947, au moment où débute la Guerre froide, illustre à quel point le métier des armes expose parfois le personnel en uniforme à des risques physiques qui peuvent blesser, handicaper, voire même tuer.

Le métier des armes est exigeant : il impose un entraînement constant du personnel dans un environnement matériel complexe, le plus souvent dangereux. Bien que les mesures de sécurité physique soient de plus en plus performantes et strictes, le risque zéro n’existe pas.

Pourquoi dès lors, me demanderez-vous, faire courir à nos jeunes ou moins jeunes militaires ces risques ? Cette question, dans un monde apaisé et pacifique, n’aurait plus lieu d’être.

Malheureusement, la Chute du Mur et la fin de la Guerre froide n’ont pas apaisé les relations internationales. Au contraire, nous assistons à une violente recrudescence des tensions interétatiques.

Qui aurait pu imaginer le déclenchement, il y aura bientôt 2 ans, d’une guerre totale avec, déjà, des centaines de milliers de morts en Ukraine, aux frontières orientales de l’Union européenne, à moins de 2 heures de vol commercial de notre pays ?

Qui n’est pas profondément bouleversé par les horreurs d’une guerre qui s’est rallumée violemment depuis le 7 octobre au Proche-Orient, avec le risque de déstabilisation dans toute la région et l’impact que ce conflit a et aura sur nos démocraties et les valeurs que nous défendons ? Sur les libertés qui nous sont si chères, a contrario des idées et décisions qui nous sont imposées de manière autoritaire.

Cette préparation à la défense de ces valeurs et de la démocratie au sens le plus noble du terme justifie cette prise de risque et nous sommes ici pour rappeler que, même en temps de paix, des militaires peuvent la payer de leur vie.

Je vous remercie pour votre attention.

Luc GENNART