Cérémonies patriotiques à Temploux, Suarlée et Namur

Fraternelle des Chasseurs ardennais

06 Juin 2021

Discours de Luc Gennart – Échevin à la Ville de Namur- Colonel e.r. et ancien Commandant de la Base de Florennes

Mesdames, Messieurs,

A l’aube du 10 mai 1940, une Belgique neutre et pacifique est envahie sans déclaration de guerre par les hordes nazies. Son armée, épaulée rapidement par les Français et les Britanniques, résiste et combat avec courage pendant 18 jours face à la puissance mécanique et tactique d’un adversaire implacable.

Nous commémorons aujourd’hui le sacrifice non seulement de nos Chasseurs ardennais mais également des soldats français du 8ème Zouave, une unité marocaine, tués lors du bombardement du 12 mai 1940. Ces héros sont pour la plupart enterrés en sépulture militaire côte à côte, en frères d’armes, leur nom éventuellement accompagné d’un signe marquant leur religion ou leur conviction philosophique.

Ces militaires ont donné leur vie par patriotisme, mot qui paraît bien suranné aujourd’hui, mais qui en fait traduit simplement la défense des valeurs démocratiques de notre société et de notre vivre ensemble.

Ces grands principes sont particulièrement mis à mal pour le moment. Les extrémismes, qu’ils soient de droite ou de gauche, menacent les fondements mêmes de la société. Cette dérive des valeurs démocratiques est malheureusement amplifiée par l’extraordinaire caisse de résonance des réseaux sociaux – quels qu’ils soient – et de la relative impunité qui couvre leur discours de haine.

Il ne faut pas relativiser ou prendre à la légère ce phénomène : la radicalisation des convictions politiques, philosophiques ou religieuses conduit tout droit à la violence. La Défense, nos forces armées – reflet il est vrai de notre société – n’y échappent pas comme nous le constatons avec crainte et stupéfaction pour le moment.

Ces militaires n’ont rien à voir avec leurs Anciens ou avec ceux qui sont tombés au champ d’honneur : ils ne défendent pas les mêmes valeurs et n’ont pas leur place à la Défense.

Le « vivre ensemble », autre grande valeur, implique non seulement le respect mutuel mais aussi le souci d’intégration dans notre société ouverte et apaisée. Il s’exprime aussi dans la neutralité des services publics dans les contacts avec le public. L’expression des convictions politiques, philosophiques ou religieuses devraient se cantonner à la sphère privée et l’État, au service de toutes et tous, en est à mon sens le garant.

La cérémonie de ce jour, au-delà du remarquable moment de transmission mémorielle, et pour lequel je voudrais remercier la Fraternelle des Chasseurs ardennais ainsi que son Président, s’inscrit dans un moment de crise et rappelle fort opportunément à ceux qui en doutent ou l’ont oublié que des hommes ont donné leur vie pour la Défense de valeurs qui restent valables aujourd’hui.

Je vous remercie pour votre attention.

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