Réfugiés ukrainiens : Organisation d’un hébergement de crise collectif à Tabora

Faisant suite à l’appel lancé par le Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, la Ville de Namur avait invité dès le 1er mars les Namurois et Namuroises qui le souhaitaient à communiquer leurs possibilités d’accueillir un ou plusieurs Ukrainiens, Ukrainiennes fuyant la guerre.

Un formulaire avait été créé, accessible notamment via le site www.namur.be et à ce jour, plus de 300 Namurois ont proposé leur aide pour héberger des personnes fuyant l’Ukraine.

Depuis quelques jours, c’est à un autre défi que la Ville de Namur et ses services se préparent: l’accueil de groupes plus importants, pour un logement d’urgence, de transit, à la demande de FEDASIL, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile.

Pour cela, le Bourgmestre a enclenché une phase communale du plan d’urgence à titre préventif dès le vendredi 11 mars afin que l’ensemble des services soient mobilisés à tout instant pour préparer anticipativement une structure d’accueil et éviter de se retrouver confronté à un afflux de réfugiés à devoir prendre en charge sans s’y être préparé. Rappelons que dans l’état actuel des informations procurées par les interlocuteurs fédéraux, plusieurs centaines de personnes devraient pouvoir être accueillies sur notre territoire communal.

Après analyse des disciplines et activation des services, l’ensemble du hall sportif de Tabora a donc été réquisitionné depuis ce jeudi 17 mars, afin de pouvoir dans des délais les plus courts possibles transformer des lieux dédiés originellement aux sports en un lieu d’hébergement de crise accueillant et équipé pour accueillir des familles.

Cela ne s’improvise pas et de nombreux services communaux et du CPAS, sous la houlette de la Cellule communale de crise, sont à pied d’œuvre depuis plusieurs jours pour libérer et adapter les lieux :

  • Le service des Sports a ainsi pris contact avec tous les clubs pour les informer de l’indisponibilité des lieux mais aussi, surtout, aider les clubs et stages à trouver un lieu de substitution et limiter au maximum l’impact pour les usagers, déjà privés de sport à plusieurs occasions durant la crise du COVID.
  • Sous la coordination de la Direction générale et de la Cellule Plan d’urgence, un grand nombre de services communaux (Logistique, Prêt matériel, Travaux, …) ont ensuite veillé à équiper les lieux, en collaboration avec la Zone de secours Nage et le CPAS de Namur:
    • Transformation de salles de sports en dortoirs avec une attention particulière au confort et à l’intimité de chacun·e. ;
    • Transformation du grand hall en zone d’accueil mais également zone de jeu pour les plus petits ;
    • Signalétique bilingue (français/ukrainien) pour orienter au mieux les futurs résidents (près de 100 affichettes ont ainsi été apposées sur chaque espace) ;
    • Fourniture de nombreux équipements: literie (y compris pour bébé ou lits médicaux pour les femmes enceintes), éclairages, rallonges électriques pour permettre aux personnes accueillies de charger notamment leur smartphone (souvent le seul moyen de rester en contact avec les proches), kit “hygiène” (savon, essuie, brosse à dents, dentifrice, langes, serviettes hygiéniques …) remis à chaque arrivant, locaux adaptés pour le change des enfants ou l’allaitement, matériel adéquat (lits, chaises) pour d’éventuelles personnes à mobilité réduite, machines à laver, cycle de lavage des sacs de couchage…
    • Mise en place, en collaboration avec le concessionnaire de la cafétéria et le CPAS, de solutions pour les repas matin, midi et soir (avec systématiquement un repas chaud)

Sans oublier l’important travail social à mettre en place par le CPAS et la Ville de Namur (service de Cohésion sociale) pour accueillir des personnes fuyant la guerre, désemparées, très vraisemblablement perdues face aux démarches à réaliser (auprès des autorités fédérales, du CPAS et de la commune). Au-delà de la mobilisation nécessaire de nombreux services pour équiper les lieux, de nombreux services seront également concernés par le fonctionnement quotidien de ce centre, des services sociaux au service des sports, au personnel d’entretien mais également plusieurs services communaux qui apporteront leur soutien même si cela s’éloigne de leurs missions premières: des agents aideront à coordonner les bénévoles, à réaliser des horaires quotidiens pour s’assurer d’avoir des effectifs en suffisance chaque jour, chaque nuit. Un service de gardiennage sera également déployé pour éviter les intrusions hostiles ou vols, afin que certaines personnes ne viennent pas tenter de profiter de la vulnérabilité des familles accueillies.

Des places d’accueil dans notre réseau communal d’enseignement ont été identifiées pour pouvoir intégrer à l’école les enfants qui resteraient plus longuement. Des places d’encadrement pour d’éventuels enfants ou adultes réfugiés porteurs d’un handicap ont aussi été étudiées.

Une collaboration est également mise en place avec GAMENA, le cercle des médecins généralistes de Namur : après leur précieux concours à Namur lors de la crise du COVID, ils répondent une nouvelle fois présent, pour proposer un accompagnement médical régulier des personnes accueillies à Tabora. Des contacts étroits ont par ailleurs été pris avec le CHR pour compléter ce dispositif médical.

C’est toute une logistique, inédite, à laquelle se prépare la Ville de Namur, avec volontarisme, pour permettre un fonctionnement 24h/24, 7j/7 et pour une durée inconnue à ce stade. Un espace spécifique a aussi été créé et équipé à la Maison des citoyens afin d’y permettre l’ensemble des démarches administratives requises pour les réfugiés.

Dès ce lundi, le centre d’accueil pourrait accueillir les premiers bénéficiaires : son activation ne dépend cependant pas des autorités communales mais de FEDASIL. Il ne nous est donc pas possible de dire avec certitude quand il sera effectivement opérationnalisé mais tout aura été fait au niveau communal pour répondre à la crise humanitaire et proposer son aide aux autorités fédérales.

La capacité du centre sera de 150 lits mais la Ville privilégiera un accueil progressif, par groupes de 25-30 personnes maximum, afin d’une part de garantir un accueil optimal mais aussi s’assurer d’avoir des équipes en suffisance pour y faire face.

Un appel a d’ailleurs été lancé par la Ville auprès des acteurs sociaux, notamment via le Relais social urbain namurois, pour renforcer les équipes de la Ville et du CPAS.

Par ailleurs, si la Ville de Namur se prépare à ouvrir un tel centre collectif, répondant en cela aux appels lancés par FEDASIL, la priorité reste, tant pour les autorités fédérales que communales de proposer du logement individuel via les propositions faites par de nombreux citoyens namurois. Concrètement, cette mise en relation entre les citoyens et les personnes à héberger est réalisée par le service Action Logement du CPAS, sur demande de FEDASIL: dès que FEDASIL contacte le CPAS pour informer d’un besoin précis (par exemple un besoin de loger 3 personnes dont 2 enfants en bas âge), Action Logement appelle le premier Namurois dans la liste des logements proposés.

INFORMATIONS PRATIQUES POUR LA PRESSE : par respect pour l’intimité des personnes – notamment mineures – qui seront accueillies, aucune image ne sera autorisée dans l’enceinte du centre d’accueil dès l’arrivée des premiers bénéficiaires.